Interview croisée : les fonds d’investissement partenaires d’Open Digital Education reviennent sur les dernières tendances EdTech et la trajectoire du premier réseau social éducatif
En 2018, Open Digital Education, l’éditeur de ONE et NEO, accueillait à son capital deux fonds d’investissement engagés : Educapital et Impact Partners. Litzie Maarek est la co-fondatrice d’Educapital, un fonds dédié aux EdTech et aux sociétés européennes qui transforment l’éducation et le monde du travail. Thomas Delalande est le directeur associé d’Impact Partners, première plateforme européenne d’investissement dédiée à l’impact social. Dans cette interview, ils reviennent sur leur engagement, leur association avec Open Digital Education et sur les dernières tendances en matière d’EdTech (technologie de l’éducation).
Pourquoi avoir investi dans Open Digital Education fin 2018 ?
Thomas Delalande
Même si nous accompagnons habituellement davantage des projets visant à favoriser l’insertion professionnelle, l’éducation permet d’intervenir en amont et est l’affaire de tous. Au regard des risques et dérives observés ces dernières années (manipulations de l’information, fractures liées aux inégalités d’accès, d’usages ou de compétences, cyberharcèlement, etc.), les principaux objectifs d’Open Digital Education prennent une dimension particulièrement stratégique, notamment sur des zones d’éducation prioritaires. Il s’agit avant tout de permettre aux jeunes d’évoluer dans un environnement numérique de confiance et d’en exploiter au mieux les opportunités par des usages éclairés, autonomes et responsables, de les encourager à produire, à s’adapter, à collaborer, à apprendre autrement, avec en ligne de mire l’insertion sociale, professionnelle et citoyenne !
Litzie Maarek
Educapital recherche une stratégie d’investissement diversifiée sur tous les marchés de l’EdTech (qui inclut notamment la petite enfance, le K12, l’enseignement supérieur, la formation continue et le “Future of Work”). Le “K12” adresse donc plus spécifiquement l’univers du scolaire et de l’école. L’éducation est un sujet emblématique qui nous tient particulièrement à cœur. Quand nous sommes venus soutenir la démarche d’Open Digital Education en 2018, nous cherchions les projets du K12 les plus matures, présentant un fort potentiel. Avec une équipe expérimentée, complémentaire et ambitieuse, une plateforme attractive et déjà utilisée à très grande échelle, Open Digital Education avait beaucoup de qualités ! En complémentarité forte avec les outils de “gestion” déjà très répandus dans les établissements, Open Digital Education a fait un choix fort tourné vers le collaboratif et la pédagogie. Dans la période que nous traversons, c’est une stratégie qui s’est révélée particulièrement judicieuse, en phase avec les usages et les attentes du terrain. Et puis, nous nous sommes vite très bien entendus avec l’équipe, et ça nous a donné envie d’être partie prenante et d’accompagner le projet !
4 ans plus tard, que pensez-vous de la trajectoire d’Open Digital Education ?
Thomas Delalande
Nous sommes impressionnés par la qualité de l’équipe et son organisation. Il y a un très bon niveau de satisfaction des clients (régions, départements, communes…) et les usages ne cessent de progresser. Toute l’équipe est très engagée et porte dans son ADN un sens aigu du service et de l’écoute. C’est aussi le fait d’une passion renouvelée, qui est toujours très forte dans les esprits des deux cofondateurs Olivier et Arnaud, et qu’ils insufflent à l’ équipe qui s’est véritablement approprié le projet. Un travail important est mené sur la qualité du produit qui ne cesse de progresser. L’accompagnement, notamment les actions spécifiques tournées sur les zones REP, permet aux dispositifs proposés par Open Digital Education d’être véritablement utilisés et généralisés à l’échelle des territoires concernés. C’est aussi cette persévérance et cet engagement qui sont reconnus par les collectivités qui renouvellent leur confiance à Open Digital Education d’appels d’offres en appels d’offres.
Litzie Maarek
C’est une très belle trajectoire, la société va très bien et grandit. Cela se voit dans le fait que les plateformes sont de plus en plus utilisées. L’entreprise est très saine financièrement. Olivier et Arnaud ont recruté une belle équipe. Open Digital Education a confirmé sa position de leader aussi bien sur le primaire que sur le secondaire. De nombreuses initiatives sont intéressantes et enrichissent l’approche. Au-delà de la plateforme et de ses fonctionnalités, l’équipe propose par exemple des événements engagés pour éveiller les enfants à des enjeux de société ou les impliquer sur des thématiques culturelles diverses. Open Digital Education favorise ainsi l’échange de toute la communauté éducative autour d’enjeux éducatifs majeurs. Autre exemple, les professeurs partagent leurs activités et coopèrent autour de la Bibliothèque, un espace d’inspiration dédié aux enseignants. Le modèle est innovant et prometteur.
Quelles sont les dernières tendances en Europe en matière de numérique éducatif, plus particulièrement pour le scolaire ?
Thomas Delalande
Chez Impact, nous nous intéressons aux situations difficiles. Nous souhaitons que nos investissements contribuent à emmener le plus grand nombre d’élèves à bon port. Nous avons vu émerger ces dernières années plusieurs entreprises engagées qui accompagnent le handicap. Adressant des problématiques très spécifiques, elles sont souvent obligées d’être internationales. Des entreprises, par exemple, aident les élèves qui présentent des troubles dyslexiques. Elles utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle. Ces technologies se dupliquent dans différentes langues et dans différents pays et ces EdTech qui s’internationalisent trouvent assez vite leur équilibre.
Litzie Maarek
Les innovations et les lancements de projets sont un peu plus forts dans le B2C (les particuliers) et c’est normal. Il ne s’agit pas de marchés réglementés, donc c’est là où il peut y avoir le plus de disruption. Nous avons contribué à de beaux projets dans ce domaine. Par exemple en Allemagne où nous avons soutenu le développement de Knowunity. C’est une plateforme qui permet à chaque étudiant de créer sa fiche de révision et de la partager. C’est assez impressionnant, en deux ans, 5 millions d’utilisateurs, un peu partout en Europe, ont adopté la plateforme. Nous observons également l’émergence du tutoring en ligne. Ces technologies permettent aux enfants d’accéder aux meilleurs cours, sur tous les sujets et parfois sur des thématiques très pointues, peu importe où ils se trouvent. En B2B (écoles et marchés publics), au-delà des LMS (Learning Management Sytem) ou des plateformes telles que celle d’Open Digital Education, les entreprises se démarquent sur les contenus. Les sciences cognitives contribuent à créer des contenus plus intelligents et qui visent à améliorer leur appropriation et leur efficacité auprès des apprenants. Adaptative learning, personnalisation, gamification, sont les mots clés de cette tendance. Du côté d’Educapital, nous accompagnons par exemple Lalilo qui favorise l’apprentissage de la lecture au primaire.
Quels sont, selon vous, les effets durables de la pandémie sur le secteur des EdTech ?
Thomas Delalande
Ça a été un coup de boost pour tout l’écosystème EdTech. Rien ne sera plus comme avant. Dans l’univers de l’éducation, les habitudes ont évolué, l’impact a été plutôt positif mais il faut transformer l’essai avec un niveau renforcé d’accompagnement, de formation, de cohérence et de sécurité.
Litzie Maarek
Nous avons constaté une accélération des déploiements et des usages. Il y a eu des à-coups sur certaines EdTech puis un retour à la normale. De manière plus pérenne, il y a en revanche eu une levée des freins ou réticences, qui favorise l’adoption du digital dans la durée. Les acteurs de l’écosystème ont pris en main les outils et services qui entrent dans les usages du quotidien.
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