Comment responsabiliser les collégiens et les lycéens face à l’IA ?
L’IA est déjà bien ancrée dans le quotidien des jeunes générations. Face à cette réalité, il est important d’expliquer le fonctionnement de ces outils, en montrer les opportunités, les limites et développer leur esprit critique. Autant de sujets passionnants qui seront abordés lors de la rencontre en ligne pour les classes sur l’IA avec notre expert Frédéric Oru.
Conscients des enjeux croissants autour de l’IA, l’Éducation nationale a rédigé un cadre d’usage et va lancer un parcours Pix sur ce sujet. Le lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France, en Martinique, n’a pas attendu pour s’emparer de ce sujet brûlant. Une option IA est proposée en seconde depuis l’année scolaire passée. Elle est enseignée par Rachid Arab, également professeur de NSI : “les élèves utilisent l’IA générative de façon régulière, pour ne pas dire massive et donc il fallait encadrer cela au plus vite.”
Démystifier l’intelligence artificielle
“La principale idée reçue est que l’IA serait capable de penser, voire que c’est un ami ”, raconte Rachid Arab. L’objectif est de faire comprendre aux élèves qu’une IA est un programme informatique puissant, mais dénué de conscience ou d’intention. Comme une démonstration vaut mille mots, plusieurs activités sont possibles :
- La prédiction avec l’exemple du donjon : pour expliquer que l’IA puise ses connaissances sur internet et non dans la réalité, Rachid Arab propose de compléter la phrase « Dans un donjon, j’ai vu… ». L’IA proposera une « sorcière » ou une « princesse », car ces mots sont statistiquement associés au donjon.
- L’apprentissage par la pratique du machine learning : Rudy Alba est professeur de technologie au collège Jean-Jaurès, à Aire-sur-la-Lys et chargé de mission pour le second degré. Il fait manipuler ses élèves de 5ème via la plateforme Vittascience. Ils entraînent un modèle à reconnaître des panneaux de signalisation pour une voiture virtuelle. Ils constatent alors que la performance de l’IA dépend entièrement de la qualité et de la quantité des données fournies pour l’entraîner.
Aborder l’IA en cours suscite un vif intérêt chez les élèves, c’est ce que constate Rudy Alba : “Les élèves sont contents de voir que c’est accessible à leur niveau et qu’ils l’utilisent depuis très longtemps, que ce soit la prédiction de message sur leur téléphone, la navigation GPS sur le sur les smartphones ou dans les voitures.”
Développer l’esprit critique des collégiens et des lycéens
L’IA ne comprend pas et surtout, elle peut se tromper. Il faut sensibiliser les collégiens et lycéens à plusieurs notions clés :
- Les « hallucinations » : quand une IA ne connaît pas la réponse, elle l’invente. Il est donc impératif de toujours vérifier les informations qu’elle fournit. Pour cela, Rachid Arab demande directement à l’IA générative : “quelles questions te poser pour vérifier ton information ?”
- Les biais : l’IA étant entraînée sur des données créées par des humains, elle peut reproduire et amplifier les stéréotypes et biais présents dans ces données.
- La vérification des sources : il est fondamental d’apprendre aux élèves à croiser les sources.
- L’art du prompt : puisque les élèves utilisent l’IA, autant leur apprendre à bien le faire en formulant une question claire, précise et contextualisée. Cet apprentissage est riche en compétences transversales : il oblige les élèves à structurer leur pensée, à expliciter leurs idées et à organiser l’information.
- Susciter le débat : un tableau généré par IA est-il une œuvre d’art ? Voilà le type de question que Rudy Alba propose de poser aux élèves pour les amener à réfléchir.
Comment utiliser l’IA en classe ?
Le ministère a fait part dans son cadre d’usage de ses réserves sur les outils grand public actuellement disponibles, les considérants majoritairement comme « non souverains, non libres, [et] opaques dans leur fonctionnement« . Bien qu’un projet d’IA souveraine pour les enseignants soit annoncé, sa disponibilité n’est pas prévue avant l’année scolaire 2026-2027.
L’Éducation nationale recommande une simple sensibilisation au premier degré, une utilisation limitée et encadrée à partir de la quatrième et une utilisation autonome au lycée, à condition que le cadre d’apprentissage soit explicitement défini par l’enseignant. Plusieurs principes fondamentaux sont mis en avant :
- les valeurs de l’École de la République
- la protection des données personnelles (RGPD)
- le droit d’auteur
- l’environnement : un usage « raisonné et responsable » est conseillé en préconisant de renoncer à l’outil si une solution moins coûteuse écologiquement, comme une simple recherche sur le web, est disponible.
Rachid Arab utilise très régulièrement l’IA en classe avec les lycéens : “l’IA est autorisée, elle est encouragée. Je préfère un élève qui utilise l’IA plutôt qu’il reste 10 minutes sans rien faire en attendant la correction. L’usage que je voudrais qu’ils fassent de l’IA, je le fais avec eux et ils le font devant moi.” Il espère que les élèves en difficulté apprendront à utiliser l’IA comme un véritable assistant, qu’ils pourront interroger autant de fois qu’ils le souhaitent, sans craindre de s’exposer devant leurs camarades. L’enseignant de NSI utilise Perplexity et Compar:IA : une plateforme gouvernementale qui permet de discuter avec deux IA à l’aveugle, d’évaluer leurs réponses et de mesurer la consommation énergétique engendrée.
Un rendez-vous pour aller plus loin
Pour accompagner les collégiens et lycéens, Édifice organise une rencontre gratuite pour les classes avec Frédéric Oru, expert en intelligence artificielle. Vos élèves pourront poser toutes leurs questions et en apprendre plus sur l’IA afin de détenir quelques clefs de compréhension d’un monde numérique en pleine mutation. Rendez-vous le 13 octobre 2025, de 15 h 30 à 16 h 30 (heure de Paris).
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