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Comment encadrer l’utilisation de l’IA dans les devoirs à la maison et les évaluations ?

, Mis à jour le 20 octobre 2025
Comment encadrer l’utilisation de l’IA dans les devoirs à la maison et les évaluations ?

Dans les salles des professeurs, le constat est unanime : les outils d’intelligence artificielle générative bouleversent la manière dont les élèves réalisent leurs devoirs. Pour les enseignants du secondaire, la question n’est plus de savoir si les élèves utilisent l’IA, mais comment encadrer cet usage afin de préserver le sens du travail personnel.

Le Cadre d’usage de l’IA en éducation, publié par le ministère de l’Éducation nationale, confirme cette évolution : “Au lycée, il est conseillé de tenir compte de ces usages dans le projet d’évaluation pour conserver une parfaite équité dans l’évaluation des élèves et leur orientation.”

La triche à l’ère de l’IA générative

L’essor fulgurant de l’IA a provoqué de vifs débats et suscité des inquiétudes légitimes au sein de la communauté éducative. L’un des points de tension majeurs concerne la triche et la difficulté à prouver l’utilisation d’un outil génératif dans la rédaction d’un devoir. Le cadre ministériel est clair : “L’utilisation d’une intelligence artificielle générative pour réaliser tout ou partie d’un devoir scolaire, sans autorisation explicite de l’enseignant et sans qu’elle soit suivie d’un travail personnel d’appropriation à partir des contenus produits, constitue une fraude. Elle est assimilée, à ce titre, à l’intervention d’une tierce personne ou à la reproduction non signalée de contenus existants.”

Certains élèves ont d’ailleurs mis au point des stratégies pour contourner les règles, comme insérer volontairement des fautes d’orthographe afin de dissimuler l’origine artificielle de leurs textes. Cependant, l’Éducation nationale, dans son cadre d’usage, déconseille l’usage de logiciels de détection de texte généré par IA, jugés peu fiables et susceptibles de pénaliser injustement les élèves.

Repenser le travail personnel à la maison

Ce constat invite à engager une véritable refonte pédagogique. L’Éducation nationale appelle ainsi à : “Mettre au premier plan le raisonnement et la résolution de problème.” Autrement dit, il s’agit de concevoir des devoirs que seule la réflexion humaine peut réellement accomplir : faire appel à l’analyse, à la créativité et à la pensée critique. Le but est de valoriser l’intelligence de l’élève au-delà de la simple restitution de connaissances.

Pour certains enseignants, l’enjeu n’est pas d’interdire l’IA, mais de responsabiliser les élèves. Rudy Alba, professeur de technologie au collège Jean-Jaurès d’Aire-sur-la-Lys, explique : “Je pense qu’il faut être clair et franc avec eux et que le travail qu’on leur demande à la maison doit être un travail de réinvestissement, un travail d’approfondissement et absolument pas un travail qui doit être noté. S’ils ne le font pas, tant pis pour eux, mais je leur explique que ce serait mieux qu’ils le fassent pour continuer à apprendre davantage.”

Une approche que partage Rachid Arab, professeur de NSI et d’option IA au lycée Victor Schoelcher, à Fort-de-France : “Le but, ce n’est pas de donner des devoirs, c’est d’évaluer des compétences. Si je donne un devoir à la maison, l’élève peut le faire par l’IA, s’il comprend alors pourquoi pas. Ce devoir n’est pas noté, mais lors du devoir en classe, il y aura des questions qui reprendront des éléments du devoir à la maison.”

Il est également possible d’envisager des formats d’apprentissage actifs, comme la classe inversée, où la partie magistrale est réalisée à la maison, tandis que le temps en classe est consacré à l’expérimentation, au débat ou à la mise en pratique.

Intégrer un usage critique et réfléchi de l’IA en classe

Les outils d’IA, capables de fournir des réponses instantanées, transforment aussi notre rapport à la connaissance. Il est donc essentiel de sensibiliser les élèves aux risques de surdépendance : l’accès trop facile à des solutions toutes faites peut affaiblir leur persévérance, les compétences de recherche, de synthèse et de structuration de la pensée.

L’enjeu est de présenter l’IA comme un copilote, non comme une béquille intellectuelle systématique. Ainsi, l’IA peut passer du statut d’outil de contournement à celui de levier d’apprentissage.

Apprendre à poser les bonnes questions

L’autre possibilité est donc d’intégrer l’IA dans ses pratiques en classe. Les recommandations officielles stipulent : 

  • une simple sensibilisation à l’école primaire, 
  • un usage limité et encadré à partir de la quatrième, 
  • puis une utilisation autonome au lycée, à condition qu’elle s’inscrive dans un cadre clairement défini par l’enseignant.

Une fois les mécanismes de l’IA compris, le véritable défi devient celui de l’interaction intelligente. La qualité d’une réponse dépend directement de la qualité de la question posée. Il s’agit donc d’apprendre à formuler une demande précise : définir une intention claire, expliciter un objectif, lever les ambiguïtés et fournir le contexte nécessaire. Cet exercice développe des compétences transversales : structurer sa pensée, expliciter ses idées, organiser l’information.

Une ressource pour aborder l’IA au collège et au lycée

(Re)voir la rencontre inspirante en ligne pour les classes avec Frédéric Oru, expert en intelligence artificielle. 

Pour aller plus loin sur le sujet : Comment responsabiliser les collégiens et les lycéens face à l’IA ?

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